BINOMES : Leurs jambes et vos yeux

Aladji Ba, double médaillé de bronze sur 400 m aux Jeux paralympiques (catégorie T11 : déficience visuelle quasi totale) disait « naturellement, un aveugle ne court pas « . Les récents Jeux paralympiques de Paris ont mis sur le devant de la scène ces athlètes porteurs de divers handicaps, parmi lesquels ceux atteints de cécité partielle ou totale.

Pour ces sportifs, la pratique de la course à pied (athlétisme sur piste ou course sur route) n’est possible qu’avec la présence de leur guide. Ce dernier, en plus d’avoir des capacités physiques au moins égales à celle de l’athlète qu’il accompagne, doit aussi faire preuve d’autres qualités : compréhension, écoute, anticipation, abnégation.

Sport solidaire plutôt que solitaire

Faites le test, sur une piste d’athlétisme par exemple, courez en fermant
totalement les yeux. Il est probable que cela ne durera que quelques
secondes : crainte de tomber, de percuter un obstacle, absence totale d’une
sensation essentielle, la vue. Refaites la même chose avec quelqu’un vous
guidant, ce sera sans doute déstabilisant, mais réalisable. La pratique de la
course à pied devient alors un sport d’équipe, avec un partage réciproque. Le
guide indiquera les obstacles éventuels, il anticipera les changements de
direction, il pourra décrire l’environnement (paysage, etc) dans lequel les deux
coureurs évoluent. Privé de la vue, les autres sens du coureur sont mis à
contribution. Les yeux de son guide lui permettent de courir en confiance, de
se concentrer sur d’autres aspects : respiration, attitude physique, etc.
Certains sont assez silencieux, d’autres plus diserts, cela dépend du caractère
de chacun.

Initiez-vous au sport partagé

Le 26 octobre 2024, une matinée de découverte sera proposée au centre
sportif Suzanne Lenglen (75015 Paris), à l’initiative de Binomes.org permettant
à des coureurs atteints de cécité totale ou partielle de rencontrer des coureurs
valides et de faire découvrir les spécificités de leur pratique sportive.
Pour participer à des courses, ces coureurs ont besoin de s’entraîner, et la
présence d’accompagnateurs est indispensable. La plate-forme Binomes a ainsi
été créée pour mettre en relation coureurs et guides, et au-delà de la simple
séance d’entraînement sportif, sensibiliser aux contraintes liées à la cécité
(déplacements quotidiens, loisirs, etc), et établir des liens sociaux durables.
Aucun niveau sportif particulier n’est exigé, il faut être disponible, comprendre
les quelques spécificités liées à la cécité. La piste du stade Suzanne Lenglen et
les allées du parc permettront une première découverte en partageant
quelques foulées, en échangeant ses expériences, en posant des questions,
avec la possibilité d’élargir ultérieurement l’expérience vers d’autres sports.
Pour certains ce sera le cyclisme sur un tandem, pour d’autres le cécifoot, où la
France a brillamment remporté la médaille d’or aux Jeux paralympique il y a
quelques semaines. Certains participent également à des triathlons, avec la
natation et la course à pied effectuées en étant reliés par une longe élastique.