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Se faire des amis avec le running

Souvent être seul et au calme, c’est bien. Mais avoir des amis, c’est pas mal non plus. Le problème étant qu’on ne peut pas toujours les emporter avec soi quand on part courir. C’est comme lorsqu’on découvre un nouvel endroit, forcément au début on ne connaît personne, et pourtant il est forcément plus épanouissant et plus grandissant d’évoluer à plusieurs. Mais alors comment en rencontrer des tout neufs ? Comment en recruter ou en convertir au running ? Comment sympathiser ? Et éventuellement comment savoir les conserver ?

Par Jean-François TATARD - Photos Jeff

 

COMMENT RENCONTRER DES AMIS RUNNERS TOUT NEUFS

D’abord, adieu à la tendance du nesting, je ne reste pas devant l’écran ! Dans ma télé, j’ai des chouettes copains (Ross et Rachel, Starsky et Hutch, Buffy sans ses vampires...), mais ils n’écoutent jamais ce que je leur raconte. Aussi, pour rencontrer des amis interactifs, je dois absolument m’extraire de mon canapé et partir à la recherche de lieux qui favorisent l’échange. Ça tombe bien...

MAUVAIS RÉFLEXE

Trop souvent, par « lieux qui favorisent l’échange », on entend boîte, pub ou club privé. Passionnant et amusant, mais peu susceptibles de déclencher un débat d’idées. Le pote ou la meuf du Pacha, on le ou la reverra peut-être au Macumba, mais l’espoir est faible de l’entraîner à fouler les rues de Paris le premier dimanche d’avril de l’année prochaine.

MOYEN RÉFLEXE

Les bars, quant à eux, présentent une option envisageable. Dans ce cas, le mieux est de choisir un endroit spécialisé, en rapport avec notre passion... ça existe ! Il y en a de plus en plus. Surtout dans les grandes villes. Restaurant Forme & Sport, Sport Bar, le Running Bull, etc. Selon toute logique, la clientèle – nos futurs amis – devrait elle aussi apprécier ce qu’on aime et donc peut-être le running. Déjà un terrain d’entente établi. Reste à entreprendre une longue démarche d’imprégnation. On revient chaque jour. Ou chaque semaine, pour devenir un habitué et qu’enfin le barman tienne son rôle de lien social et nous présente aux autres habitués. Mais ça peut prendre du temps ou non, en fonction du barman.

BONS RÉFLEXES

Les endroits les plus propices à d’authentiques échanges de runners, avec des choses à se raconter, services à se rendre, centres d’intérêt communs sont les associations, les apéruns ou apéros run, les soirées de blogueurs, les magasins spécialisés running qui organisent de plus en plus souvent leurs événements communautaires. Souvent sponsorisés par des marques qui font d’ailleurs eux-mêmes tester leur produit. Mais aussi plus simplement les compétitions de masse ou même la petite course de village. Et encore plus évident, le parc où vous commencez à prendre vos habitudes pour vous entraîner.

L’AUTRE RÉFLEXE

Les collègues de bureau triés sur le volet, si aucun lien hiérarchique ne vient déséquilibrer les rapports ou hypothéquer toute chance de franchise et de sincérité. Mais aussi les amis de mes amis, les cousins de mes cousins. Machin qui connaît bidule jusqu’à ce qu’un beau jour je réponds à mon WhatsApp ou à ma messagerie Insta à quelqu’un qui me dit « C’est Machin qui m’a donné ton contact » (aaaah ouiiii, c’est vrai).

Là, je réponds : « Oui, Machin m’a beaucoup parlé de toi aussi, c’est très gentil de m’envoyer ce message, on pourrait peut-être partager un footing au parc Monceau après le boulot si tu veux ? »

LA BONNE ATTITUDE

Pour sympathiser, il faut adopter la bonne attitude. Suivant le principe selon lequel deux personnes ne s’entendent jamais mieux que sur le dos d’une troisième, on a tendance à céder à la facilité. Rien de tel qu’une bonne médisance pour dérider l’assemblée, surtout que le mec un peu bedonnant qu’on vient de croiser à petite foulée qui courait avec un maillot à palmier et sa raie sur le côté et sa petite moustache des années 80 faisait penser à Higgins, l’acolyte de Magnum, ah ah ah. Soit. Mais, outre l’aspect extrêmement discutable de la méthode, on vise à courte durée. D’abord, si nos camarades sont du genre à ricaner de la première mauvaise vanne sur ceux qu’ils ne connaissent pas, cela signifie qu’un dixième de dos tourné, et on reçoit notre quote-part. Ce ne seront donc jamais des amis. Et, à l’inverse, s’ils ne sont pas du genre à ricaner, alors on est en train de passer pour un « joli goguenard » susceptible de semer le désordre dans la bande. À exclure... Sympathiser, c’est aussi une question de timing. Il faut savoir saisir les opportunités sans trop les précéder. Bon bref, pour qui je me prends ?! Je ne suis quand même pas votre mère et quand bien même vous êtes suffisamment grand pour savoir comment vous comporter... aimer et vous faire aimer et encore plus profiter de la course à pied, de tous ses bienfaits et de cette belle communauté.

LE MÉDIA SOCIAL NETWORK

A l’heure où un terrien sur trois compte un abonnement Facebook, la manière simple de rayonner et de tisser du « runlink » c’est peut-être encore de mieux utiliser ce que Mark Zuckerberg nous a offert comme accélérateur de création de lien social. Première chose, si c’est de course à pied dont il s’agit, choisissez une photo de profil Facebook qui vous mettra en avant avec runnings aux pieds. Et le reste vous saurez faire, je le sais...

 

ET COMMENT LES GARDER CES NOUVEAUX AMIS ?

Maintenant qu’on arbore une foule de copains runners en délire, on s’arrange pour les conserver. Histoire de ne pas se retaper tout le boulot depuis le début. Or, contrairement à ce que prétend la croyance populaire, garder ses amis exige un minimum d’efforts.

Échanger son sang avec le canif rouillé de papy à la fin de la colo, en se jurant à la vie à la mort, croix de bois, croix de fer, si je mens j’attrape le tétanos, c’est bien.

Accepter les contraintes que l’amitié impose, c’est encore mieux. Car oui, comme les enfants, les amours, les chiens, les chats, les parents, les amis se révèlent contraignants à l’usage. Mais ça vaut vachement le coup... Encore cette histoire de compteur qui bat : quand c’est toujours le même qui appelle pour organiser le footing collectif ou l’entraînement du mercredi soir, il finit par s’en apercevoir. Une règle simple, On assume notre seuil de tolérance. On s’adapte. On écoute et on fait preuve d’empathie.

 

Par Jean-François TATARD - Photos Jeff